Une étrangère sur le seuil
elle reste figée elle scrute les yeux rivés –
les villes surviennent toutes de néons
les bateaux sur l’Elbe et la pénombre qui bruine
dans les ruelles de Blankenese, les visages qui rayonnent,
Chilehaus et les ferry-boats
fleuves lents telle une lente
blondeur qui pénètre partout –
tant de beauté tant de générosité
impossible de s’y agripper.
Une étrangère sur le seuil
et rien ne lui est refusé
ni la pluie ni le soleil à Salzbourg
ni le petit volume de Trakl en une librairie soudaine
ni le café Tomaselli la table au coin
les doigts agrippés sur l’amour
ni les débordements du Rhin et du Neckar
ni ce murmure en pleine étreinte :
« On ne peut se perdre dans une ville
traversée par un fleuve. »
Une étrangère sur le seuil
vide ses poches
souriant d’un air absent :
la photo d’un ange aux lunettes une pomme
des listes d’un interminable quotidien
des vers devenus réalité un peu de convoitise
quelques miettes de sa patrie friable
et de quoi payer.
Une étrangère sur le seuil
assez hardie franchit le pas
vers les chambres d’hôtel vers les compartiments
pour fumeurs vers les salles pour
voyageurs en partance vers les rêves
vers son destin elle rit en pensant :
« Le monde est petit, la vie est longue,
je ne peux plus me perdre. »
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